Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/394

Cette page a été validée par deux contributeurs.
378
DIVERS

— « Mon ami, ton affaire n’est pas de celles où l’on voit clair au premier ou au second coup. Nous n’aurions pas dû commencer par le petit livre et continuer par le moyen. Il fallait le grand livre. Maintenant, te voilà prévenu. Avec le grand livre, je me fais fort de t’expliquer ton affaire.

— Eh bien, Monsieur l’avocat, prenez le grand livre.

— Oui, mon ami. Crache-moi le louis d’or, en attendant que tu m’apportes la paire de chapons gras. »

Alors, l’avocat essayait ses lunettes, prenait le grand livre, et y cherchait longtemps, longtemps.

— « Mon ami, le grand livre te donne droit. Il faut plaider, et plaider bientôt. Mais je ne plaide pas pour rien. Retourne ici dans huit jours, et viens me compter cent francs d’avance. »

XIV. — Un paysan disait un jour à son avocat :

— « Ah ! Monsieur l’avocat, mon affaire est bien merdeuse. J’ai bien besoin que vous m’y foutiez un coup de langue[1]. »

  1. Les quatorze anecdotes ci-dessus m’ont été fournies par M. de Boubée-Lacouture, mort juge au tribunal de Lectoure, et M. Lodéran, mort greffier de la justice de paix de la même ville.