Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/370

Cette page a été validée par deux contributeurs.
354
RÉCITS

— « Prenez-garde, criaient les marguillières. Prenez-garde de piquer le saint. »

Sans le vouloir, le cordonnier piqué remua.

— « Au miracle ! Au miracle ! Le saint a remué. »

Sans le vouloir, le cordonnier éternua.

— « Au miracle ! Au miracle ! Le saint a éternué. »

Parmi les assistants, un garçon récitait son chapelet à genoux. C’était un ennemi du cordonnier, qui lui allongea un grand coup de crosse.

— « Au miracle ! Au miracle ! Le saint a châtié le plus grand mauvais sujet du pays. Dehors, canaille. Ici, le saint ne veut pas de toi. »

Jusqu’après vêpres, les miracles continuèrent. Les offrandes pleuvaient, et le curé se frottait les mains.

Par malheur, au Magnificat, le cordonnier, travaillé par le bon dîner de la nuit, se mit tout à coup à frotter son ventre, et à se tordre comme un possédé.

— « Diable ! Diable ! pensait-il, je donnerais bien deux sous, pour être seul un moment, accroupi, bien à mon aise, derrière une haie. »

Enfin, le cordonnier n’y tint plus. Il sauta de sa niche, et partit au grand galop.

— « Au miracle ! Au miracle ! Le saint part. Courons après lui. »