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Les gens d’Église

laisser suspendu, toute la nuit, devant la porte du presbytère. Nul n’y touchera. Il n’y a que de braves gens dans la paroisse. À minuit passé, vous vous lèverez doucement, doucement, et vous emporterez le porc, que je me charge de découper et de le préparer en secret. Demain matin, vous crierez qu’on vous a volé la bête. Tout le monde vous plaindra, et vous n’aurez rien à rendre, pour tous les présents qu’on vous a faits.

— Mon ami, tu as raison. »

Ce qui fut dit fut fait. Le sonneur de cloches saigna le cochon, le racla, le vida, et le suspendit devant la porte du presbytère. Tout le monde s’arrêtait, pour voir un si bel animal.

— « Ah ! le beau porc, Monsieur le curé. Le beau porc !

— C’est vrai, braves gens. Il n’est pas laid. Comptez que chacun de vous en aura sa part.

— Merci d’avance, Monsieur le curé. Mais vous auriez tort de laisser votre cochon suspendu, toute la nuit, devant la porte du presbytère. Quelque mauvais sujet pourrait bien vous le voler.

— Mes amis, nul n’y touchera. Il n’y a que de braves gens dans la paroisse.

— C’est égal. Monsieur le curé. Méfiez-vous. »

Le soir, après souper, le curé se coucha, pour se relever doucement, doucement, à minuit passé.