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Les gens d’Église

du château. Quand ils se réveillèrent, pour se remettre en route, la porte de la chambre était fermée à clef. Ils appelèrent, ils frappèrent : personne ne vint.

Leur journée se passa ainsi, sans manger ni boire. Les deux pauvres moines croyaient que le seigneur les avait fait enfermer là, pour les y faire mourir de male faim et de male soif. Pourtant, ils finirent par s’endormir. Mais le lendemain, ils se réveillèrent, le ventre vide, les dents longues ; et ils se regardaient l’un l’autre, comme s’ils avaient voulu se dévorer. Enfin, ils avisèrent deux ou trois cordes d’oignons, attachées à la poutre de leur chambre, à plus de vingt pieds de hauteur. Aussitôt, ils se mirent à tirer aux oignons à grands coups de souliers ; et quand ils en faisaient tomber un, ils l’avalaient, presque sans mâcher. Cela dura jusqu’au soir. Alors, le seigneur vint ouvrir la porte.

— « Je vois avec plaisir, mes Pères, que l’appétit vous est revenu. Vous n’avez plus besoin d’aller aux eaux, et vous pouvez rentrer dans votre couvent[1]. »

  1. Dicté par un cantonnier de Gimbrède (Gers), dont j’ai oublié le nom.