Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
CONTES FAMILIERS

— « Jeune homme, commande. Le navire, le Navire marchant sur terre t’obéira. »

Ce qui fut dit fut fait.

— « Navire, avance. »

Le navire, le Navire marchant sur terre avança.

— « Navire, recule. »

Le navire, le Navire marchant sur terre recula.

— « Navire, tourne. »

Le navire, le Navire marchant sur terre tourna.

— « Jeune homme, écoute. Je suis le Bon Dieu. Tu m’as fait la charité. Moi, je te donne ce navire, ce Navire marchant sur terre. Monte dedans, et pars. Surtout, n’oublie pas de prendre avec toi tous ceux que tu rencontreras. »

Le jeune homme salua le Bon Dieu, et monta dans le navire, qui partit aussi vite que le vent.

Au bout de cent lieues, il vit un homme qui rongeait un cep de vigne.

— « Navire, arrête. »

Le navire, le Navire marchant sur terre s’arrêta.

— « Mon ami, que fais-tu là ?

— Jeune homme, tu le vois. Cette année, le vin est cher. Je suis pauvre. Faute de mieux, je ronge ce cep de vigne. Cela me rappelle le goût du vin.

— Mon ami, viens avec moi. »

L’homme obéit, et monta dans le navire, qui repartit aussi vite que le vent.