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Les gens d’Église

Dieu[1] à un malade. Comme ils traversaient l’Ochie[2], sur un petit pont de bois, le pont se rompit. Clerc et marguilliers furent bientôt hors de danger. Tandis que le curé se débattait encore dans l’eau, ils lui criaient, du haut de la berge :

— « Monsieur le curé ! Monsieur le curé ! Au secours ! Au secours ! L’eau emporte le Bon Dieu.

— Bon ! bon ! bramait le bon homme. Le Bon Dieu nage comme un canard. Mais moi, je me noie. »

Cela ne l’empêcha pas de repêcher le Bon Dieu.

IV. — Le curé de Lagarde était parfois fort distrait.

Un jour qu’il lui fallait donner la communion à une vieille femme, il se fouilla, pour prendre la clef du tabernacle. Par malheur, il en avait une autre dans sa poche ce jour-là. Pendant un gros quart d’heure, le curé de Lagarde farfouilla dans la serrure. Il finit par perdre patience.

— « Pauvre femme, dit-il, aujourd’hui, le Bon Dieu s’est levé du mauvais côté. Il s’est verrouillé en dedans. Revenez demain. Sa mauvaise humeur sera sans doute passée. »

  1. Le viatique.
  2. Petit affluent du Gers, rive gauche.