lèrent les deux perdrix, et mirent sur le gril quelques couennes, qui se recroquevillaient en cuisant. En ce moment, le curé entra.
— « Bonjour, métayère. Je viens dîner. Où est votre mari ?
— Monsieur le curé, mon mari n’est pas encore rentré ; et j’en suis bien aise pour vous. À tous ceux qui entrent ici, il coupe les oreilles, et les mange. Regardez cuire, sur le gril, toutes celles qu’il a coupées depuis hier. »
Les couennes recroquevillées ressemblaient à des oreilles. Épouvanté, le curé partit au galop. Juste en ce moment, le métayer rentrait à la maison.
— « Mon homme ! mon homme ! cours vite après le curé. Il emporte nos deux perdrix. »
Le curé filait toujours comme un lièvre ; et le métayer le poursuivait en criant :
— « Monsieur le curé ! Monsieur le curé ! De deux laissez-m’en au moins une[1]. »
- ↑ Dicté par Anna Dumas, du Passage-d’Agen (Lot-et-Garonne).