Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/298

Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
RÉCITS

trois heures, sans s’arrêter, jusqu’au sommet d’une côte, où il y avait une fontaine au bord du chemin. Là, il but à sa soif. Cela fait, il pissa et chia dans la fontaine.

— « Mauvais sujet ! lui dit un homme qui travaillait son champ, tout proche. N’as-tu pas honte, de souiller ainsi la fontaine dont l’eau sert à tout le monde ?

— Tais-toi, imbécile. Mon frère vient de mourir ; et j’hérite de plus de trente mille francs en terres. Maintenant, j’ai de quoi, pendant toute ma vie, boire du vin, et manger du pain blanc, avec un chapon rôti à dîner, et deux pans de saucisse à souper. Je ne boirai plus à cette fontaine. »

Le méchant homme reprit son chemin, et arriva au village, où on allait enterrer son frère.

— « Notaire, c’est moi qui suis l’héritier.

— Non, ce n’est pas toi. Voici le testament du pauvre mort. Il laisse tout son bien aux pauvres de la paroisse.

— Mon frère était une canaille.

— C’est toi qui es une canaille, crièrent les gens venus pour l’enterrement. Tu es arrivé ici pour faire du scandale, et insulter le pauvre mort. File aussitôt pour ton pays, ou nous sifflons les chiens, qui te feront un brin de conduite. »

Aussitôt, le méchant homme repartit au grand galop, sans manger ni boire. Quand il arriva