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CONTES FAMILIERS

Le pauvre homme fut si chagrin de ce reproche qu’il en mourut sur-le-champ. Alors, sa femme se mit à pétrir la pâte. Tout en pétrissant, elle disait :

— « Marâtre[1],
Pique-pâte,
Autant elle en pique, autant elle en gâte. »

Et l’homme mort répondait :

— « Riou chiou chiou[2].
J’étais mort, et je suis redevenu vivant. »

Alors, la femme se mit à rire, et continua de pétrir avec son homme.

Mais toujours la pâte faisait :

— « Riou chiou chiou. »

Pourtant, la pâte fut bonne, et donna vingt-huit miches de vingt livres.

L’homme mort et la femme crevèrent, pour en avoir mangé la moitié.

En échange du restant de la fournée, le curé fit leur sépulture.


  1. En gascon :

    Mairastro,
    Piquo-pasto,
    Astant ne pico, astant ne goasto.

  2. En gascon :

    Riu chiu chiu.
    Èri mort, e soui tournat biu.