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Animaux divers

sa corbeille vide, et reprit le chemin d’Astaffort. Mais le Lévrier avait trop mangé sans boire.

— « Merlesse, dit-il, je crève de soif. »

En ce moment, un bouvier arrivait tout proche des communs du château d’Empelle[1], conduisant une charrette chargée d’une barrique de vin blanc. Aussitôt, la Merlesse s’envola sur le fosset.

Que fit alors le bouvier ? Il lança un grand coup d’aiguillon à la Merlesse. Mais la rusée commère se gara de tout mal, et partit, en volant bas et court, comme font les oiseaux blessés.

Le bouvier courut après, sans prendre garde que son coup d’aiguillon avait enlevé le fosset. Le Lévrier profita vite, vite de l’occasion, et avala le vin blanc à la régalade, jusqu’à la dernière goutte.

Quand le bouvier revint, il n’était plus temps. Tout confus, le pauvre homme repartit, avec sa barrique vide. Mais le Lévrier était ivre comme une soupe.

— « Merlesse, j’ai la bouche sèche. Où trouverai-je à boire un peu d’eau ?

— Lévrier, voici le puits des communs du château d’Empelle[2]. Je vais te tenir fort et ferme par la queue, tandis que tu boiras tout ton soûl, pendu la tête en bas.

  1. Château de la commune de Pergain-Taillac (Gers).
  2. Ce puits a plus de vingt mètres de profondeur.