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contes familiers

tous les dix pas, comme font les oiseaux qui ont du plomb dans l’aile. Pour mieux courir après elle, les deux marchandes posèrent sur le chemin leurs corbeilles de tortillons, que le chien bâfra vite, vite, jusqu’à la dernière miette.

— « Eh bien, compère Riouet, es-tu content ?

— Non, Merlesse. Je veux maintenant boire tout mon soûl. »

En ce moment, passait sur la route un bouvier, conduisant une charrette chargée d’une barrique de bon vin blanc.

— « Compère Riouet, attention. »

Alors, la Merlesse se remit à voler, en retombant tous les dix pas, comme font les oiseaux qui ont du plomb dans l’aile. Ainsi volant, elle s’alla percher sur le fosset de la barrique de bon vin blanc.

Aussitôt, le bouvier lui lança un coup d’aiguillon, et courut à sa poursuite, sans prendre garde que, par le fosset brisé du coup d’aiguillon, sa barrique se vidait. Le chien lampa vite, vite, le bon vin blanc jusqu’à la dernière goutte.

— « Eh bien, compère Riouet, es-tu content ?

— Non, Merlesse. Je veux maintenant rire tout mon soûl. »

En ce moment, passaient, leurs bâtons à la