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contes familiers

Tandis que le Renard mangeait les quatre merluchons, la Merlesse chantait à la cime d’un frêne :

— « Mange, Renard. Mange, mon ami. Tanches ou merluchons, je souhaite que ce repas te profite. Mange, Renard. Mange, mon ami. »

Voilà ce que la Merlesse chantait. Mais on ne chante pas toujours comme on pense.

La Merlesse pensait :

— « Pauvres, pauvres petits merluchons ! Gueux de Renard ! Je ne suis pas née pour faire bataille contre toi. Mais, patience. Je saurai bien trouver ton maître. »

Le Renard parti, la Merlesse prit sa volée jusqu’au pâtus communal de Marsolan[1]. Là, dormait, à l’ombre d’un pailler, un grand chien fort, leste, et hardi comme pas un. La Merlesse se posa près de lui, sans peur ni crainte.

— « Compère Riouet ! Compère Riouet[2] !

— Merlesse, tu m’ennuies. Je veux dormir.

— Compère Riouet, écoute, écoute, par pitié.

— Merlesse, je te dis que tu m’ennuies. Tu parleras quand j’aurai dormi. En attendant, chasse les mouches. »

  1. Commune du canton de Lectoure (Gers).
  2. Le nom de compère Riouet (coumpai Riouet), appliqué au chien, revient assez souvent dans les contes populaires de la Gascogne.