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Le Renard

— Non, Renard. Tu les mangerais.

— Merlesse, montre-les-moi. Par mon âme, je ne les mangerai pas.

— Renard, tu n’as pas bonne réputation. Je ne te crois pas ; et pourtant, tu as juré par ton âme.

— C’est vrai, Merlesse, j’ai mené longtemps mauvaise vie. Mais hier, je me suis confessé à un moine de Bouillas[1]. Maintenant, je suis converti. Pour ma pénitence, il m’est défendu de manger de la viande pendant un an. Tu vois bien, Merlesse, que tu peux me montrer tes merluchons. »

Le Renard parla tant et si bien de sa conversion, que la Merlesse finit par y croire.

— « Eh bien, Renard, voici mes quatre merluchons. Regarde, comme ils sont sains et gaillards.

— Merlesse, tu te moques de moi, de me montrer ainsi quatre tanches au lieu de quatre merluchons.

— Renard, ce sont bien des merluchons.

— Non, Merlesse, ce sont des tanches. La preuve, c’est que je vais les manger comme telles. »

  1. Autrefois abbaye de Bernardins, dans la forêt du Ramier, commune de Pauillac (Gers).