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Le Renard

trouva trois gros chiens de boucher assis devant la halle.

— « Chiens de boucher, si vous faites bataille pour moi contre le Renard, je vous ferai téter tant que vous voudrez.

— Chèvre, c’est convenu. »

Les trois chiens de boucher tétèrent la chèvre tant qu’ils voulurent, et la suivirent à la métairie.

— « Chiens de boucher, enfermez-vous dans cette cabane, entre la paille et le blé, et ne sortez qu’au bon moment. »

Pendant ce temps-là, le Renard s’en était allé trouver le Loup, au bois du Gajan.

— « Loup, si tu fais bataille pour moi, contre la chèvre et ses compagnons, tu me rendras un grand service. »

Le Loup suivit le Renard sans rien dire.

Arrivé devant la cabane, entre la paille et le blé, le Renard commença ses explications.

— « Regarde, Loup, disait-il. Regarde si la paille que je donne toute à la Chèvre ne vaut pas, et même plus, le blé que je garde tout pour moi. »

Le Loup regardait toujours, sans parler. Il ne voyait pas les trois chiens de boucher, cachés dans la cabane. Mais il les entendait bâiller de chaud, et grincer des dents, quand les mouches leur piquaient les lèvres.