Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
CONTES FAMILIERS

Loup. Je choisis, pour celle-ci, tout ce qui poussera sous la terre. »

La Chèvre sema toute la métairie en blé et en seigle, de sorte qu’elle eut tout le grain, toute la paille, et que son pauvre associé n’eut que les racines.

Alors, le Loup se promit de punir la Chèvre de ses mauvais tours, et de profiter de la première occasion où il serait seul avec elle pour la manger. Mais celle-ci devina la pensée du Loup, et se tint sur ses gardes, en attendant le moment de se débarrasser de son ennemi.

Un jour, le Loup s’en alla trouver la Chèvre.

— « Bonjour, Chèvre.

— Bonjour, Loup.

— Chèvre, j’ai de bien mauvaise soupe à la maison, et je viens goûter la tienne.

— Avec plaisir, Loup. »

La Chèvre donc servit au Loup une grande assiettée de soupe. Ensuite, ils allèrent se promener jusqu’à une église, dont la porte était trouée.

— « Chèvre, dit le Loup, entrons dans cette église, pour y prier Dieu.

— Avec plaisir, Loup.

— À présent que nous sommes entrés. Chèvre, il faut que je te mange.

— Imbécile ! je suis vieille et maigre. Tu ferais