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Le Loup

pas un. Il savait qu’après la messe, les gens iraient s’attabler, jusqu’au moment où le sonneur de cloche sonnerait le dernier coup de vêpres. Alors, les juments poulinières et les jeunes mules qu’on élève pour les vendre aux Espagnols, à Lectoure, le jour de la foire de Saint-Martin, demeuraient seules dans les prés de la rivière de l’Auroue[1].

Les gens de Castet-Arrouy ne s’étaient pas encore servi la soupe, que mon Loup s’élance du côté de la rivière, et aperçoit, au beau milieu d’un pré, une jument avec sa mule. Par malheur, il avait oublié sa romaine.

— « Bah ! dit-il, je pèserai à vue d’œil. Quatre livres la jument, et trois livres la mule. »

Aussitôt, il les étrangla, et les rongea jusqu’aux os.

Le soir même, le Loup creva[2].

  1. L’Auroue est un petit affluent de la Garonne, qui traverse la commune de Castet-Arrouy.
  2. Dicté par feu Jacques Bonnet, vieillard illettré, natif de Castet-Arrouy.