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CONTES FAMILIERS

— Monsieur le médecin, je suis bien malade. Je voudrais une consultation, en payant, comme de juste. »

Le médecin fit tirer la langue au Loup, et le fit pisser dans un verre, pour regarder la couleur du pissat.

— « Loup, dit-il, tu te rends malade, à force de trop manger. À partir d’aujourd’hui, il faut te taxer à sept livres de viande par jour. »

Le Loup remercia bien le médecin, et lui donna, pour ses peines, quatre sols moins un denier. En s’en retournant au Gajan, il passa à la boutique du forgeron de Castet-Arrouy[1], et lui commanda une romaine pour peser, chaque jour, les sept livres de viande, ainsi qu’il avait été taxé.

Quand la romaine fut forgée, le Loup alla la chercher. Chaque jour, il l’emportait à la chasse, pour ne pas dépasser l’ordre du médecin. Aussi, au bout de huit jours, il redevint gaillard, bien portant ; et il ne regrettait pas les quatre sols moins un denier qu’il avait donnés au grand médecin de Miradoux.

Au bout de quelque temps, arriva la Sainte-Blandine, jour de la fête patronale de Castet-Arrouy. Le Loup connaissait son métier comme

  1. Commune du canton de Miradoux (Gers), comprenant une grande partie de la forêt du Gajan.