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Les Niais

tout alla bien. Mais là, les loups du Ramier[1] sentirent l’odeur de l’âne mort, et arrivèrent par bandes, en criant comme des possédés du Diable. Les jeunes gens, épouvantés, jetèrent leurs volailles, ainsi que l’âne, et s’enfuirent au galop vers Montastruc. En un moment, les volailles étaient avalées, et l’âne rongé jusqu’aux os.

Le lendemain, la lune brillait au ciel comme de coutume. Alors, les consuls de Montastruc éprouvèrent un grand soulagement.

— « Les loups du Ramier, dirent-ils, nous ont rendu un fameux service. Maintenant que l’âne est mangé, le juge-mage de Lectoure ne saura pas que nous l’avons fait pendre. Quant à la lune qu’il avait bue, vous voyez qu’elle est plus fine que les loups. Elle leur a échappé ; et, d’elle-même, elle est remontée à sa place dans le ciel[2]. »

  1. Forêt entre Fleurance et Lectoure.
  2. Raconté par mon oncle, l’abbé Bladé, curé du Pergain-Taillac, canton de Lectoure (Gers).