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CONTES FAMILIERS

À ce grand effort, les cordes de laine commencèrent à céder.

— « Hô ! Hardi ! Voici l’église et le clocher qui partent. Tirons ensemble, tous ensemble. Hô ! Hardi ! »

Tout-à-coup, les cordes de laine se rompirent, et les gens de Sainte-Dode tombèrent les uns sur les autres. Mais aucun d’eux ne pouvait reconnaître ses membres. Au lieu de se relever aussitôt, ils passaient leur temps à se disputer et à s’insulter.

— « Voici mon bras.

— Non. C’est le mien.

— Voici ma jambe.

— Non, voleur. Elle est à moi. »

Cela dura bien longtemps. Enfin, un meunier vint à passer, avec son grand fouet.

— « Meunier, tire-nous de peine. Aucun de nous n’est en état de reconnaître ses membres. Aide-nous à les retrouver. »

Aussitôt, le meunier fit claquer son fouet, et se mit à frapper, à grand tour de bras, sur ce troupeau d’imbéciles, qui sautèrent sur leurs jambes, et rentrèrent tout confus dans leurs maisons[1].

  1. Dicté par mon oncle, l’abbé Bladé, curé du Pergain-Taillac (Gers).