Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
Les Niais

extraordinaires ; et ils s’assemblèrent de nouveau devant la porte de l’église.

— « Gens de Sainte-Dode, dit le bavard qui avait parlé la première fois, ne pensons plus à la graine de cheval. Voulez-vous toujours faire fortune, en travaillant moitié moins que par le passé ?

— Oui, oui.

— Eh bien, voici comment il faut s’y prendre. Achetons autant d’aiguilles qu’on voudra nous en vendre, et semons-les. Ce mois de juillet prochain, la récolte sera superbe. Nous vendrons nos aiguilles quatre pour un sou, et nous serons riches pour longtemps.

— Oui, oui. Semons des aiguilles. Semons des aiguilles. »

Ce qui fut dit fut fait. Les gens de Sainte-Dode semèrent donc tous leurs champs d’aiguilles. Huit jours après, ils ôtèrent leurs sabots, et entrèrent dans les champs, pour voir si la semence commençait à lever. Naturellement, les aiguilles leur piquaient le dessous des pieds.

— « Bon, criaient-ils. Les aiguilles naissent. Les aiguilles naissent. Elles nous piquent déjà le dessous des pieds[1]. »

Les aiguilles ne naquirent pas ; et les gens de

  1. L’épisode des aiguilles est mis aussi sur le compte des gens de Fleurance par les habitants de Lectoure (Gers).