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Les Niais

la pièce de toile au pied de la statue, et s’en revint chez lui.

— « Eh bien, mère. J’ai vendu la toile.

— Où est l’argent, Jean-l’Imbécile ?

— Mère, je l’ai vendue à crédit à un monsieur muet. Mais il m’a fait signe qu’il me paierait.

— Bête ! Tu n’en auras jamais un liard.

— Que si, mère. Je vous promets que je me ferai payer. »

Au bout de quinze jours, Jean-l’Imbécile repartit pour la ville, avec son bâton, et s’en alla à l’église. Mais le vent avait changé, et la statue, au lieu de hausser et baisser la tête, comme la première fois, la secouait sur ses épaules, comme qui dit non.

— « Eh bien, Monsieur, êtes-vous content de la toile ? »

La statue secouait la tête.

— « Non. Eh bien, il faut me la rendre. »

La statue secouait toujours la tête.

— « Non. Eh bien, il faut me la payer. »

La statue secouait toujours la tête.

— « Non. Ah ça ! tout ceci, c’est des bêtises. Rendez-moi ma toile, ou comptez-moi mon argent. »

La statue secouait toujours la tête.

Alors, Jean-l’Imbécile tomba sur la statue, à grands coups de bâton. Tout en frappant, il brisa