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Les Niais

— « Que fais-tu là, Jean-l’Imbécile ?

— Mère, l’oie est morte, et moi je couve les œufs. »

La mère le fit lever, et trouva les œufs tous cassés.

Un autre jour, la mère lui dit :

— « Jean-l’Imbécile, maintenant tu es en âge de te marier. Il te faut devenir dégourdi, et t’en aller au village, jeter quelques coups-d’œil aux filles, le dimanche, à la sortie de la messe.

— Oui, mère. »

En effet, le dimanche suivant, Jean-l’Imbécile se leva, dès la pointe de l’aube, s’en alla à l’étable, arracha les yeux à toutes les brebis, les mit dans ses poches, et partit pour la messe. Après le dernier évangile, il alla se planter sur la porte de l’église, et à mesure que les filles sortaient, il les accablait de coups d’yeux.

Un autre jour, la mère lui dit :

— « Jean-l’Imbécile, il faut vendre les bœufs. Mène-les à la foire, et demande-s-en la raison.

— Oui, mère. J’en demanderai la raison. »

Jean-l’Imbécile partit donc, avec sa paire de bœufs, et les mena à la foire.

— « Combien demandes-tu de tes bœufs, Jean-l’Imbécile ?

— Ma mère m’a dit d’en demander la raison.

— Quelle raison ?