sauvé la vie. Prends la moitié de mon troupeau de mille porcs.
— Porcher, avec plaisir. »
Le partage fait, chacun tira de son côté. Tout en longeant la Garonne, avec ses bêtes, Petiton rencontra, trois lieues plus loin, les deux canailles de maquignons. Alors, il renfonça son béret sur les yeux, pour n’être pas reconnu.
— « Bonjour, mes amis.
— Bonjour, porcher. Ces beaux porcs sont-ils à toi ?
— Oui, mes amis. Il y en a cinq cents.
— Porcher, où les as-tu achetés ?
— Mes amis, je les ai achetés à la foire de Valence-d’Agen[1].
— Porcher, combien les as-tu payés ? »
Petiton releva son béret de sur les yeux.
— « Mes amis, je les ai payés le juste, la raison. »
Les deux canailles de maquignons reculèrent épouvantés.
— « Mes amis, n’ayez pas peur. Je ne vous tuerai pas. Je ne vous dénoncerai pas à la justice. En tâchant de me noyer dans la Garonne, vous avez fait ma fortune, sans le vouloir. Au fond de l’eau, les porcs vivent par millions, et par mil-
- ↑ Chef-lieu de canton du Tarn-et-Garonne.