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Les gens avisés

— Mes amis, j’en demande cher, car il n’a pas son pareil au monde. Chaque nuit, il est en état de couvrir un cent de brebis. Trois mois après, chacune d’elles met bas deux agneaux, pour recommencer trois fois par an.

— Petiton, voilà un mâle fort vaillant. Et combien en demandes-tu ?

— Mes amis, j’en demande autant que des bœufs. J’en demande le juste, la raison.

— Petiton, tu n’en demandes pas peu de chose.

— Mes amis, j’en demande le juste, la raison. Vous ne l’aurez pas à deux liards de moins.

— Eh bien, Petiton, le bélier est vendu. Tope là, et attends-nous. Le temps d’aller chercher en ville le juste, la raison. »

Les deux canailles de maquignons partirent, et revinrent bientôt, portant chacun un cornet de papier.

— « Tiens, Petiton. Voici le juste. Prends garde de le perdre.

— Tiens, Petiton. Voilà la raison. Prends garde de la perdre.

— Mes amis, soyez tranquilles. Et maintenant, le bélier est à vous. Je souhaite que vous le revendiez à grand bénéfice. »

Les deux canailles de maquignons partirent, avec le bélier, et Petiton revint chez sa mère. Chemin faisant, il se frottait les mains, et pensait :