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CONTES FAMILIERS

les bœufs sont à vous. Je souhaite que vous les revendiez à grand bénéfice. »

Les deux canailles de maquignons partirent, avec les bœufs, et Petiton revint chez sa mère.

— « Bonsoir, mère. Les bœufs sont vendus.

— Combien, mon ami ?

— Mère, j’ai fait comme vous m’aviez commandé. Je les ai vendus le juste, la raison.

— Montre un peu. »

Petiton présenta les deux cornets de papier. L’un était rempli de puces ; l’autre était rempli de poux.

— « L’imbécile ! Tu ne t’es donc pas méfié de ces canailles de maquignons ? Je t’avais pourtant bien recommandé de ne lâcher nos bêtes que contre de bons écus.

— Mère, vous m’aviez dit d’en demander le juste, la raison. J’ai cru les rapporter, dans ces deux cornets de papier.

— Soupe, imbécile, et va te coucher. Ce n’est pas toi qui prendras jamais le loup par la queue[1]. »

Petiton obéit, sans mot dire. Mais, dans son lit, il se mit à penser :

— « J’ai fini d’être confiant. Ceux qui me duperont désormais pourront se vanter d’être avisés. Ah ! ma mère m’a dit : « Ce n’est pas toi qui

  1. Se dit en parlant des imbéciles.