— Mon ami, tu verras bien quel est leur prix sur le champ de foire. Rends-toi compte du cours. Demande le juste, la raison.
— Oui, mère, le juste, la raison. Comptez sur moi, pour faire à votre volonté. »
Petiton déjeuna donc comme un homme qui doit aller loin, étrilla ses bœufs, les lia au joug, s’habilla de neuf, prit son aiguillon, et partit. À midi juste, il arrivait sur le champ de foire de Layrac.
Deux canailles de maquignons s’approchèrent.
— « Bonjour, Petiton. Combien demandes-tu de tes bœufs ?
— Mes amis, j’en demande le juste, la raison.
— Petiton, tu n’en demandes pas peu de chose.
— Mes amis, j’en demande le juste, la raison. Vous ne les aurez pas à deux liards de moins.
— Eh bien, Petiton, les bœufs sont vendus. Tope là, et attends-nous. Le temps d’aller te chercher en ville le juste, la raison. »
Les deux canailles de maquignons partirent, et revinrent bientôt, portant chacun un cornet de papier.
— « Tiens, Petiton. Voici le juste. Prends garde de le perdre.
— Tiens, Petiton. Voilà la raison. Prends garde de la perdre.
— Mes amis, soyez tranquilles. Et maintenant,