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CONTES FAMILIERS

Tu t’en es servi pour forcer des gens à te laisser, au grand prix, des choses qu’ils ne voulaient te vendre ni pour argent, ni pour or. Au large, bandit ! Tu n’entreras pas en paradis. »

Ainsi parlait saint Pierre. Mais le mort ne faisait qu’en rire.

— « Ta ta ta ta. Saint Pierre, ouvrez-moi vite la porte. »

Saint Pierre ne prit même plus la peine de lui répondre.

Alors, le mort appliqua l’ouverture de sa besace sur le trou de la serrure de la grande porte du paradis.

— « Saint Pierre, saute dans ma besace. »

Saint Pierre passa par le trou de la serrure, et sauta dans la besace, au premier commandement.

— « Là. Bien. Et maintenant, saint Pierre, si je n’entre pas en paradis, vous avez fini d’y retourner. »

Mais saint Pierre ne voulait pas se soumettre, et criait comme un aigle, dans la besace :

— « Ah ! gueux. Ah ! bandit. »

À ce tapage, le Bon Dieu vint jusqu’à la porte.

— « Tais-toi, criard. Tu m’assourdis.

— Bon Dieu, c’est moi. C’est moi, saint Pierre. Bon Dieu, le gueux que voici me tient prisonnier dans sa besace, et je n’en sortirai pas contre sa