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Les gens avisés

et leurs douze enfants vécurent longtemps, heureux et riches, dans le beau château de la Mère du Diable. La femme faisait de larges aumônes ; et le mari payait au grand prix tout ce dont il avait besoin. Mais, quand on ne voulait lui vendre une chose ni pour argent, ni pour or, le marché était bientôt fait.

— « Saute dans ma besace. »

La chose souhaitée sautait, au premier commandement, dans la besace, dont le maître payait la chose au grand prix, et tout était dit.

Vraiment, cela n’était pas bien.

Le seigneur du beau château de la Mère du Diable allait souvent à la pêche. Pour faire de grandes prises, il n’avait qu’à dire :

— « Poissons, sautez dans ma besace. »

Les poissons sautaient dans la besace, au premier commandement.

Mais, un jour, le pécheur tomba dans la rivière, et s’y noya. Aussitôt, il s’en alla frapper, sans peur ni crainte, à la grande porte du paradis.

— « Pan ! pan !

— Qui est là ? cria saint Pierre.

— Ami. L’homme à la besace. Vite, saint Pierre, ouvrez-moi la porte.

— Ah ! c’est toi, canaille. Au large ! Je t’avais commandé de faire bon usage de mon présent.