Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
Les gens avisés

Alors, le fils de la veuve se rendit seigneur et maître dans le beau château de la Mère du Diable. Cela fait, il retourna chez le forgeron.

— « Forgeron, tu m’as fait service. Voici pour toi mille pistoles. Voilà de plus mille quadruples, que tu vas porter à ma mère. Souhaite-lui bien le bonjour de ma part. Surtout, recommande-lui de ne se laisser manquer de rien. Moi, j’ai des affaires ailleurs. Je suis riche comme la mer. Il s’en va temps de me marier. »

Le forgeron partit, et le jeune homme retourna, pour y vivre en seigneur, dans le beau château de la Mère du Diable. Maintenant qu’il était riche comme la mer, il ne songeait qu’à se marier. Il courait les foires et les fêtes patronales, vêtu d’habits superbes, mais ne quittant sa besace ni nuit, ni jour. À force de courir, il rencontra la fille d’un comte, une demoiselle belle comme le jour, et honnête comme l’or. Aussitôt, le jeune homme en devint amoureux fou.

— « Bonjour, belle demoiselle. Je suis jeune, fort et hardi. Je suis riche comme la mer. Voulez-vous être ma femme ?

— Mon ami, je t’épouserais de bon cœur, si tu n’allais pas, comme les pauvres, la besace sur le dos.

— Belle demoiselle, tout par amitié, rien par force. Mais ne vous moquez pas de ma besace.