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Les gens avisés

tôt, les bœufs, les vaches, les veaux, furent forcés d’entrer en danse, jusqu’à ce qu’il plût au nain de ne plus souffler.

Un moment après, passa, proche d’un hallier de ronces et d’épines noires, le juge de paix, un homme colère et méchant comme cent Diables de l’enfer. Courtebotte ôta son béret.

— « Bonjour, Monsieur le juge de paix. »

Le juge de paix passait sans répondre, ni même toucher son chapeau.

— « Monsieur le juge de paix, je vous salue honnêtement. Vous pourriez faire de même. »

Le juge de paix leva son bâton.

Alors, Courtebotte emboucha sa flûte. Aussitôt, le juge de paix se trouva forcé d’entrer en danse. Il dansa, dansa, dans le plus fourré du hallier de ronces et d’épines noires, qui lui déchiraient les habits et la chair. Il dansa, dansa, jusqu’à ce qu’il plût au nain de ne plus souffler.

Courtebotte et son bétail retournèrent à la métairie. Ce jour-là, le maître et sa famille faisaient ripaille : garbure, cuisses d’oies[1], dindon rôti, fromage, et bon vin.

— « Maître, un peu de ces bonnes choses, s’il vous plaît.

  1. Confites à la graisse. On les met à cuire dans la garbure, ou soupe aux choux.