Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
CONTES FAMILIERS

votre nuit. Vite, partons pour la foire. Avec l’argent de ce bétail à vendre, nous aurons de quoi faire longtemps bonne chère, et jouer aux cartes. »

Ce qui fut dit fut fait. Mais le capitaine des voleurs ne se doutait pas qu’il emportait à la foire Grain-de-Millet, qui s’était hissé jusque dans sa poche.

Le bétail vendu, le capitaine dit :

— « Camarades, allons riboter à l’auberge. »

À force de riboter, tous finirent par tomber ivres-morts sous la table. Alors, Grain-de-Millet fouilla le capitaine des voleurs, et partit au grand galop pour la métairie de Lacouture.

— « Bonjour, père. Bonjour, mère. Tenez. Voici cent fois plus qu’il ne faut, pour remplacer notre Caubet éventré, et pour renouveler le reste de notre bétail, volé la nuit passée. »

C’était vrai. La bourse du capitaine des voleurs contenait je ne sais combien de doubles louis d’or, et de quadruples d’Espagne.

— « Et maintenant, père, apportez une fiole. »

Ce qui fut dit fut fait. Grain-de-Millet entra dans la fiole.

— « Et maintenant, père, prenez cette fiole, et allez me vendre trois mille pistoles à l’évêque de Lectoure. »

Le père prit la fiole, et s’en alla trouver l’évêque de Lectoure.