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CONTES MYSTIQUES

donner tout ce qu’il faut. Je t’en demande pardon. Tiens, voici pour toi ; mais prie Dieu pour nous. »

Jean de Calais pria Dieu, et tomba sur le fricot. Depuis sept ans passés, il n’avait rien mangé de pareil.

— « Merci, mie. Que le Bon Dieu te récompense. Tu ne me reconnais pas. Mais moi, je te reconnais. Tu es la fille cadette du fils du roi de Lisbonne en Portugal. Moi, je suis Jean de Calais, le mari de ta sœur.

— C’est vrai, Jean de Calais. Je te reconnais maintenant.

— Mie, méfions-nous. Va dire à ma femme que je reviens de loin, et qu’elle vienne ici me parler en grand secret. »

La demoiselle obéit ; mais sa sœur ne voulait pas croire ce qu’elle entendait.

— « Ma sœur, ce pauvre ment. Pour mon malheur, Jean de Calais est mort. Il ne reviendra jamais, jamais. Pourtant va regarder ce pauvre, et lui parler encore une fois. »

La demoiselle obéit, et revint presque aussitôt.

— « Ma sœur, tu peux m’en croire. Jean de Calais est revenu. »

Alors, les deux sœurs descendirent secrètement à l’écurie, et l’aînée reconnut Jean de Calais.