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CONTES MYSTIQUES

lais flotta, sans manger ni boire, sans rien voir que le ciel et l’eau. Enfin, il aborda presque mort sur un rocher, sur un rocher sans arbres ni verdure, au milieu de la mer grande.

— « Sainte Vierge, ayez pitié de moi. Sur ce rocher, je mourrai de soif et de faim. »

En ce moment, un grand Oiseau Blanc volait, en rasant le rocher.

— « Jean de Calais, je suis l’âme du pauvre mort. Jean de Calais, tu m’as fait service. Je ne l’ai pas oublié. Mon secours ne te manquera pas. Tiens, voici une miche de pain et une jarre de vin. Compte qu’une fois par semaine je t’en apporterai autant. »

Et le grand Oiseau Blanc s’envola je ne sais où.

Mais il revint une fois chaque semaine, avec une miche de pain et une jarre de vin. Cela dura longtemps, bien longtemps.

Pendant que Jean de Calais vivait ainsi, le traître qui avait surpris tous ses secrets, et qui l’avait jeté dans la mer grande, s’était rendu petit à petit maître et seigneur dans son château. D’abord, il s’était présenté vêtu de deuil.

— « Bonjour, Madame. Je vous apporte de tristes nouvelles. Jean de Calais est mort. »

Alors, tous les gens du château se prirent à crier et à pleurer.

— « Oui, Jean de Calais est mort. J’étais son