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CONTES MYSTIQUES

cendait, mort de froid et de faim, sur le seuil d’une bonne auberge, en face de la rade de Bordeaux.

— « Hô ! Valets ! Ici, fainéants. Vite, ce cheval à l’écurie. Servantes, vite, un fagot dans la cheminée. Vite, un bon déjeuner sur table. »

Une fois repu et dégelé, Jean de Calais monta dans sa chambre, se mit au lit, et dormit comme une souche, jusqu’à l’heure du souper. Alors, il redescendit, frais et gaillard dans la salle commune. À côté de lui vint s’attabler un capitaine de navire.

— « Eh bonjour, Jean de Calais.

— Eh bonjour, capitaine.

— Jean de Calais, je suis bien heureux de te retrouver ici. Que de fois, tous deux, nous avons battu le pavé, ribotté, couru les gueuses.

— Capitaine, il y a temps pour tout. J’ai fini de mal faire. Je veux courir le monde, et tâcher de faire fortune.

— Jean de Calais, je veux t’en donner le moyen. Écoute. Demain matin, viens me voir sur mon navire, au beau milieu de la Garonne. Là, je te dirai des choses qui valent la peine d’être écoutées.

— Capitaine, compte sur moi. »

Le lendemain matin, Jean de Calais était sur le navire, au beau milieu de la Garonne.