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LES MORTS

Marmande. C’était au temps du mois mort[1], au temps de la grande froidure.

Tout en cheminant, Jean de Calais pensait :

— « Je ne suis pas loin du village où j’ai payé sept mille pistoles, pour faire enterrer le pauvre mort. Certes, j’ai souvent plus mal employé l’argent de mon père. »

Quand il traversa le village, tout le monde dormait. La lune montait dans le ciel, et les étoiles marquaient minuit.

En passant devant le cimetière, Jean de Calais tira sur la bride, et mit pied à terre.

— « Attends-moi là, mon bon cheval. Le temps de réciter un Pater pour le pauvre mort. »

Jean de Calais entra, sans peur ni crainte. Il s’agenouilla sur la fosse, et récita son Pater. Comme il se relevait, un grand Oiseau Blanc vint se poser tout en-haut de la grande croix du cimetière.

Le grand Oiseau Blanc se mit à parler.

— « Jean de Calais, je suis l’âme du pauvre mort. Jean de Calais, tu m’as fait service. Compte que je ne l’oublierai pas. »

Et le grand Oiseau Blanc s’envola je ne sais où.

Jean de Calais remonta sur sa bête, et repartit.

Trois heures après le lever du soleil, il des-

  1. Le mois de décembre.