Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
CONTES MYSTIQUES

— Je ne veux pas.

— Je t’en prie. »

L’Homme de toutes couleurs pria tant et tant la jument blanche comme la neige, qu’elle finit par répondre :

— « Eh bien ! jure-moi de revenir ici avec moi.

— Jument blanche comme la neige, je te le jure par mon âme. »

La jument blanche comme la neige partit plus vite que le vent. Pourtant elle n’arriva que trois heures après, et en boitant, dans la ville de Babylone. C’était le dimanche soir, et vêpres étaient chantées. Les courses étaient presque finies, et il ne manquait pas de cavaliers pour disputer la victoire. La jument blanche comme la neige partit au petit pas, et en boitant. Alors, le peuple cria :

— « C’est dommage. L’Homme de toutes couleurs n’arrivera pas. »

Et l’Homme de toutes couleurs se désespérait, et criait :

— « Marche donc, jument blanche comme neige.

— Je ne puis pas, je suis boiteuse. »

Et l’Homme de toutes couleurs se désespérait toujours, car trois cavaliers n’avaient que cent pas à faire pour gagner la victoire. Alors, la jument blanche comme la neige hennit, et partit si