Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
CONTES MYSTIQUES

La jument rouge comme le sang partit plus vite que le vent, et elle arriva, une heure après, dans la ville de Babylone. C’était un dimanche soir. Les vêpres étaient finies, les courses commençaient, et il ne manquait pas de cavaliers pour disputer la victoire. Mais la jument rouge comme le sang volait toujours plus vite que le vent ; et elle était arrivée que les autres bêtes n’avaient pas fait encore cent pas. Alors, le peuple cria :

— « Vive l’Homme de toutes couleurs ! »

Mais la jument rouge comme le sang repartit plus vite que jamais. Une heure après, l’Homme de toutes couleurs était rentré sous terre, dans son grand château.

L’Homme de toutes couleurs redevint bien triste. Nuit et jour, il songeait à ce que l’aigle lui avait dit. Le dimanche après, la jument noire comme un corbeau s’aperçut que son maître pleurait.

— « Homme de toutes couleurs, je sais pourquoi tu pleures ; mais je puis te tirer de peine. Avec moi, tu gagneras la seconde course, car je sais un chemin particulier pour aller sous terre. Mais je n’y puis passer qu’une fois, aller et retour ; et il faut que tu me jures de revenir ici avec moi.

— Jument noire comme un corbeau, je te le jure par mon âme.