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CONTES MYSTIQUES

— « Homme de toutes couleurs, ne me fais pas souffrir davantage. Jamais tu ne pourras me tuer. Il est dit que je ne dois mourir qu’à la fin du monde, pour ne pas ressusciter. Ne me fais pas souffrir davantage, et je ferai tout ce que tu me commanderas.

— Eh bien, Corps sans âme, montre-moi par où l’on gravit la montagne. Mais marche droit, ou gare à la barre de fer forgé du poids de neuf quintaux. »

Alors, le Corps sans âme montra la bonne route à l’Homme de toutes couleurs, qui grimpa comme une chèvre, à travers les roches hautes et noires. Tout-à-coup, il aperçut un loup grand comme un taureau, qui arrivait vers lui au grand galop, et la gueule ouverte.

Que fit alors l’Homme de toutes couleurs ? Il brandit sa barre de fer forgé du poids de neuf quintaux, et, de toute sa force, il en déchargea un grand coup sur la tête de l’animal, qui tomba blessé à mort.

— « Homme de toutes couleurs, dit le loup, tu n’es pas le premier qui ait traversé, sans mourir, le Pays de la Faim et de la Soif, et qui ait fait la loi au Corps sans âme. De ceux qui sont arrivés jusqu’ici, j’en ai mangé beaucoup. Mais il y en a qui sont passés, et qui sont dans un endroit où tu arriveras bientôt. Maintenant,