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SUPERSTITIONS

Mais le forgeron fut retenu par sa chaîne, et il rentra dans la grotte.

Une heure après, sept autres barres de fer rouges, grosses comme la cuisse, s’enlevèrent de terre comme des plumes, et vinrent plonger dans la gueule du Serpent. Mais le forgeron fut retenu par sa chaîne, et il rentra dans la grotte.

Ce travail dura sept ans. Les barres de fer rouges, grosses comme la cuisse, avaient enfin mis le feu dans les tripes du Serpent. Pour éteindre sa soif, il avalait la neige par charretées ; il mettait à sec les fontaines et les gaves. Mais le feu reprenait dans ses tripes, chaque fois qu’il avalait sept nouvelles barres de fer rouges, grosses comme la cuisse.

Enfin, la male bête creva. De l’eau qu’elle vomit, en mourant, il se forma un grand lac.

Alors, les gens du pays s’assemblèrent, et dirent au forgeron :

— « Forgeron, ce qui est promis sera tenu. Tu est libre de toucher pour rien, sur la Montagne, cent vaches, avec leurs veaux, cent juments, avec leurs poulains, cinq cents brebis, et cinq cents chèvres. »

Un an plus tard, il ne restait plus que les os du Serpent, sur le rocher dont il avait fait sa demeure. Avec ces os, les gens du pays firent bâtir une église. Mais l’église n’était pas encore cou-