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VII

le serpent



Il y avait, autrefois, dans la Montagne[1], un serpent long de cent toises, plus gros que le tronc d’un vieux chêne, avec des yeux rouges, et une langue en forme de grande épée. Ce Serpent comprenait et parlait les langages de tous les pays ; et il raisonnait mieux que nul chrétien n’est en état de le faire. Mais il était plus méchant que tous les Diables de l’enfer, et si goulu, si goulu, que rien ne pouvait le rassasier.

Nuit et jour, le Serpent vivait au haut d’un rocher, la bouche grande ouverte, comme une porte d’église. Par la force de ses yeux et de son haleine, les troupeaux, les chiens, les pâtres étaient enlevés de terre comme des plumes, et ve-

  1. Les Pyrénées.