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Êtres malfaisants

Aussitôt, Bernard-Pêcheur descendit vers la rivière. À cent pas du Gers, il entendit des cris et des rires de jeunes filles.

— « Au Diable ! pensa-t-il. Les jeunes filles du Castéra sont venues se baigner ici. Elles auront épouvanté le poisson. Je n’aurai pas besoin d’emprunter la jument poulinière du métayer de Talayzac, pour rapporter ma prise à la maison. »

Bernard-Pêcheur s’approcha doucement, doucement de la rivière, en se cachant derrière les buissons, les frênes et les saules, pour bien voir les jeunes filles, sans leur donner à comprendre qu’il était là. Les jeunes filles peignaient, avec des peignes d’or, leurs cheveux fins comme la soie. Elles nageaient et folâtraient au clair de la lune. Bernard-Pêcheur entendait leurs cris et leurs rires.

— « Le Diable m’emporte, pensa-t-il, si je connais aucune de ces jeunes filles, si je comprends un seul mot de ce qu’elles disent. »

La pointe de l’aube n’était pas loin, et Bernard-Pêcheur regardait toujours. Enfin, une des jeunes filles l’aperçut, et cria :

— « Un homme ! Un homme ! »

Aussitôt, toutes les jeunes filles se tournèrent vers Bernard-Pêcheur :

— « Bernard-Pêcheur, mon ami, viens, viens nager avec nous.