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SUPERSTITIONS

Et maintenant, voici la preuve qu’il y a des Sirènes dans le Gers.

Il y avait autrefois, au hameau de la Côte, tout proche de la ville de Lectoure, un jeune tisserand si passionné, si passionné pour la pêche, qu’on lui avait donné le surnom de Bernard-Pêcheur[1]. Chaque soir, au coucher du soleil, il s’en allait tendre, dans le Gers, des filets et des lignes de fond, qu’il levait le lendemain matin, avant la pointe de l’aube.

Un soir, au temps de la moisson, Bernard-Pêcheur était allé poser ses filets et ses lignes de fond en face de la métairie de Talayzac, dans la commune du Castéra-Lectourois. Cela fait, il se dit en lui-même :

— « Ma maison est loin : la métairie de Talayzac est proche. Je connais le métayer. Il me logera pour la nuit. Demain, je lui ferai présent d’une carpe ou d’une anguille. »

Le métayer fit souper Bernard-Pêcheur, et l’envoya dormir dans un bon lit. Après son premier sommeil, Bernard-Pêcheur sauta par terre, s’habilla dans l’obscurité, ouvrit la fenêtre, regarda la lune et les étoiles, et pensa :

— « Trois heures ne sont pas loin. Il s’en va le temps de lever ses filets et ses lignes de fond. »

  1. Nom du héron en Gascogne. On l’applique parfois au Martin-Pêcheur