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Êtres malfaisants

bas, le Basilic les appelle, et on n’en entend plus parler. Pourtant, vous allez voir que la male bête a parfois un mauvais quart d’heure à passer.

Il y avait autrefois, dans un jardin de Mauvezin[1], un puits qui donnait une eau si saine, si bonne, si légère, que tous les voisins allaient en tirer, avec la permission du maître.

Un jour, cette eau devint tout à coup trouble et puante, au point que le quartier en fut empesté.

— « Mie, dit le maître à sa servante, un mauvais sujet a certainement jeté quelque charogne dans mon puits. Va me quérir trois Espagnols[2] pour l’en retirer.

— Maître, ne vous pressez pas. Avant d’aller quérir les trois Espagnols, il faut regarder tout en-bas du puits.

— Mie, le puits est trop profond et trop noir pour pouvoir regarder tout en-bas.

— Patience, maître. Attendez-moi là. Rien que le temps de monter dans ma chambre, et d’en revenir au galop. »

  1. Chef-lieu de canton du département du Gers, jadis capitale de la vicomté de Fezensaguet.
  2. Les Espagnols venus de l’Aragon, et surtout de la Catalogne, sont si nombreux en Gascogne, que dans certaines villes, ils forment de véritables colonies. On les emploie volontiers aux travaux bas et répugnants.