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Êtres malfaisants

ils eurent fait leurs affaires, ils coururent tous les bouchers de la ville, pour acheter de la viande. Mais force gens étaient venus à la foire, et s’étaient pourvus de bonne heure, de sorte que les bouchers n’avaient plus rien à vendre. Le soleil commençait à baisser. Les parents de la Goulue reprirent le chemin de leur village.

— « Comment ferons-nous ? disaient-ils en cheminant. Nous avons promis de la viande crue à la Goulue, et nous n’en avons trouvé chez aucun boucher de la ville d’Agen. »

Alors, la femme dit à l’homme.

— « Il fait nuit. Entrons dans ce cimetière, où on a enterré un mort ce matin. Déterrons-le, coupons-en un morceau, et portons-le à la Goulue. »

Tous deux entrèrent dans le cimetière, déterrèrent le mort, lui coupèrent la jambe gauche, et rentrèrent à la maison.

— « Tiens, Goulue. Voici la viande crue, que nous te rapportons de la foire. »

La Goulue se jeta sur la jambe, et la mangea jusqu’au dernier morceau. Cela fait, elle prit le couteau de son père, cassa l’os, et suça la moelle.

L’heure vint d’aller se coucher. Pendant toute la nuit, on entendit dans la maison une voix qui criait :