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Êtres malfaisants

aller où elle voulait, sans boiter, ni se servir d’un bâton.

Au bout de sept ans, la dame mourut, et son mari donna l’ordre de l’enterrer avec sa jambe d’or. Sa volonté fut faite. Mais, la nuit même de l’enterrement, un valet sortit en secret de la maison. Il s’en alla au cimetière, déterra la dame, lui prit la jambe d’or, remit le corps en place, combla la fosse, et rentra cacher la jambe dans son armoire. À peine s’était-il couché, qu’on entendit une voix crier au cimetière :

— « D’or. D’or. Rendez-moi ma jambe d’or. »

Le lendemain matin, à l’Angelus, le fossoyeur vint trouver le mari et lui dit :

— « Bonjour, monsieur. Je viens du cimetière. Votre femme, qui est sous terre, ne fait que crier : « D’or. D’or. Rendez-moi ma jambe d’or. » Envoyez quelqu’un, je vous prie, pour savoir ce qu’elle veut. »

Le mari courut au cimetière.

— « Que veux-tu, mie ?

— D’or. D’or. Rendez-moi ma jambe d’or.

— Mie, tu as tort de te plaindre. J’ai donné l’ordre de t’enterrer avec ta jambe d’or.

— D’or. D’or. Rendez-moi ma jambe d’or.

— Mie, tu n’es pas raisonnable. Si tu n’as rien de mieux à me dire, bonjour. Je te ferai dire des messes. »