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Êtres malfaisants

Mon oncle avait conduit en Espagne un noble, dont je ne me rappelle pas le nom. Le voyage s’était bien fait ; et le noble était sorti de France par les montagnes de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui est une ville du pays des Basques. Mon oncle s’en retournait tout seul, à travers les grandes Landes, à travers les bois de pins, avec cinquante louis d’or bien gagnés, qu’il portait cachés sous ses habits, dans une ceinture de cuir. C’était un soir de la Saint-Jean[1]. Il pouvait être à peu près huit heures.

Tout-à-coup, mon oncle entendit derrière lui un bruit de fer, et de chevaux lancés au grand galop.

— « Les gendarmes ! »

Aussitôt, il s’élança hors de la route parmi les pins, et se cacha dans un fourré. Les gendarmes passèrent toujours au grand galop, et s’en allèrent je ne sais où. Alors, mon oncle pensa :

— « Assurément ces gens-là ne courent pas après moi. Mais le mieux est encore de ne pas me trouver sur leur passage. La nuit est belle. Je dormirai dehors, sous un pin. »

Mon oncle s’enfonça donc dans les bois, et se coucha sur le sable, au pied d’un pin haut comme un clocher, en ayant soin de laisser à

  1. Le 24 juin.