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Êtres bienfaisants ou neutres

gros et menu. Tout cela est pour les chrétiens. Chacun peut le voir, et le toucher à sa volonté. Mais il y a un autre genre de récoltes, un autre genre de fruits de toutes sortes, un autre genre de bétail gros et menu, que les chrétiens ne voient et ne touchent presque jamais. Tout ceci croît à la fois, pour les Petits Hommes, durant la nuit de la Saint-Sylvestre[1], depuis le coucher du soleil jusqu’à minuit, et doit être rentré sous terre, depuis minuit jusqu’au lever du soleil.

Pendant plus de sept heures, les Petits Hommes sont donc forcés de travailler comme des galériens. Puis, ils ont encore une heure juste, pour porter et remuer au jour leur or jaune, leurs piles de doubles louis et de quadruples d’Espagne qu’ils gardent dans le creux des rochers. Si cet or jaune ne voit pas la lumière une fois par an, il se pourrit, et devient rouge. Alors, les Petits Hommes n’en font plus cas, et le jettent.

Aussi vrai que nous mourrons tous, je ne parle que de ce que je sais. D’ailleurs, je ne suis pas embarrassé pour prouver ce que j’ai dit. Il y avait autrefois, à Saint-Avit[2], un tisserand chargé de famille, et pauvre comme un furet. De son vrai nom, il se nommait Cluzet.

  1. Le 31 décembre.
  2. Commune du département du Gers, limitrophe de celle de Lectoure.