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SORCIERS, SABBAT, SORTILÈGES

sans rien voir. Mais la malheureuse ne put s’empêcher de tout conter à sa mère.

La seconde nuit, la jeune fille revint à l’église. Sur le premier coup de minuit, elle vit tous les morts, qui étaient enterrés là, sortir de terre, et se ranger en procession. En passant devant la pauvre enfant, un mort la couvrit d’un linceul ; et elle demeura ainsi jusqu’à la pointe de l’aube. Alors, elle retira le linceul, le cacha derrière l’autel, et retourna chez elle. Mais, cette fois, elle ne souffla mot à personne de ce qu’elle avait vu.

La troisième nuit, la jeune fille revint à l’église. Sur le premier coup de minuit, elle s’enveloppa du linceul, et attendit. Elle vit tous les morts, qui étaient enterrés là, sortir de terre, et se ranger en procession. En passant devant la pauvre enfant, un mort secoua l’autre linceul qu’elle avait caché, la veille, derrière l’autel. Aussitôt, en sortirent par milliers des araignées, des crapauds, et des chauves-souris. Ils emportèrent la malheureuse dans une fosse, et l’y mangèrent toute vive[1].

  1. Dicté par Alexandre Dupouy, du Pergain-Taillac (Gers), maintenant âgé d’environ vingt-huit ans.