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LE BON DIEU, LA VIERGE, LES SAINTS

— Homme aux dents rouges, je suis à ton commandement. »

Tous deux remontèrent à cheval, et arrivèrent à la maison, juste au coucher du soleil. Pendant le souper, le niais raconta ce qu’il avait vu, depuis le moment où l’Homme aux dents rouges lui avait donné son cheval à garder.

— « Homme aux dents rouges, pourquoi ne t’es-tu pas arrêté avec les bêcheurs ? »

L’Homme aux dents rouges ne répondit pas.

— « Homme aux dents rouges, parle-nous de ces prés si maigres, si maigres, qu’on aurait pu y ramasser du sel. Pourtant, les bœufs et les vaches y étaient gras à lard.

— Niais, ces prés étaient le paradis, et ce bétail les saintes âmes.

— Homme aux dents rouges, parle-nous de ces prés ordinaires, où paissaient des chèvres qui n’étaient ni grasses ni maigres.

— Niais, ces prés ordinaires étaient le purgatoire, et ces chèvres ni maigres ni grasses étaient les âmes qui attendent le moment de la délivrance.

— Homme aux dents rouges, parle-nous de ces prés où j’avais de l’herbe deux pieds par-dessus ma tête. Pourtant les bestiaux y étaient maigres comme des clous.

— Niais, ces prés étaient l’enfer, et ce bétail les âmes damnées.