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SUPERSTITIONS

si maigres, qu’on eût pu y ramasser du sel. Pourtant, les bœufs et les vaches y étaient gras à lard.

Un peu plus loin, le niais arriva dans des prés ordinaires, où paissaient des chèvres qui n’étaient ni maigres ni grasses.

Un peu plus loin, le niais arriva dans des prés où il y avait de l’herbe deux pieds par-dessus la tête. Pourtant, les bœufs et les vaches y étaient maigres comme des clous.

Un peu plus loin, le niais vit l’Homme aux dents rouges entrer dans une petite église, et fermer la porte. Le niais regarda par le trou de la serrure, et vit un autel, avec un cierge beaucoup plus court que les autres. Un prêtre disait la messe, et l’Homme aux dents rouges la servait. Pendant ce temps-là, des volées d’oisillons arrivaient des quatre vents du ciel, et venaient frapper contre les vitres de la petite église, avec leurs becs et leurs ailes. Pourtant, les fenêtres ne s’ouvraient pas, et les pauvres petites bestioles demeuraient toujours dehors, à frapper et à crier :

— « Riou, chiou, chiou. »

La messe finie, l’Homme aux dents rouges ferma le missel, et souffla les cierges. Alors, le niais prit la course, et revint auprès du cheval.

— « Eh bien, niais, veux-tu retourner à la maison ?